Innocence

Un matin, un oiseau se pose dans une branche de ma tête.
- "va-t-en!" dis-je d'un air bête.
- "maintenant?" siffle-t-il en claquant du bec.
- Si tu restes, j'expliquais, je vais m'habituer à ta tronche comme tu t'accroches à ma branche.
Il me fixait avec ses grands yeux ronds l'air chouette.
- Si je te laisse te poser sur moi on va se plaire. Tu aimeras être avec moi, sentir l'essence de mes fleurs, goûter aux vers de mon malheur, enfin tu feras ton nid et couvera dans mon coeur. Puis, à la première lueur du soleil, quand tu sentiras la chaleur, tu partiras chanter dans d'autres demeures.
- "forcément", dit-il d'un air bête. "Je suis seulement une hirondelle, j'ai besoin d'être libre, j'ai besoin d'être belle. Mais si tu m'aimes un peu, au milieu de l'année, quand l'hiver sera passé, je reviendrais. Et si toi-même tu fais un feu, au creux de ta cheminée, où j'hanterais tes pensées, je resterais.
Je volerais à tes côtés, sans perdre ma liberté, sous le soleil en flammes, sous la lune en larmes, dans le voile de ton âme.
- "Et peut-être qu'à force de lever la tête aux cieux pour te croiser, à force de caresses boisées pour t'apprivoiser, à force de sauter pour mieux t'approcher, je pourrais moi aussi m'envoler..." sifflais-je en claquant du bec.
- "Qui ciel?" interrogea le soleil levant.