Rondins de bois

Un petit sentier qui mène vers la forêt, à l'ombre des chênes. Le long du chemin, une trace épaisse de terre foulée, s'enfonçant à travers les fourrés. Puis, derrière, comme la lune cachée dans les étoiles, une maison fine en rondins de bois, entourée de fleurs. Un humble escalier boisé mène au porche abrité, puis à la porte gravée. « Au bonheur des âmes », aurait-on pu y marquer. La porte franchie, un salon douillet aux meubles de bois blanchi. Un chien fait la fête, joignant son chant à celui d'une chèvre bavarde qu'on distingue au loin. La pièce est accueillante, les murs épais, le feu de bois éteint mais la chaleur toujours présente. Sur le côté, une ouverture invite le visiteur vers le couloir d'où l'on distingue le ciel, depuis la fenêtre renfoncée en forme de fauteuil. On peut s'y asseoir et contempler la clairière fleurie et le potager, ou voyager dans les deux autres pièces du fond, cuisine et salle de bain. Un mouvement furtif frôle les étagères de la bibliothèque face à l'entrée : une petite bête grise et blanche sort son museau de dessous le meuble en pin, intriguée. Elle sautille et grimpe les planches de l'escalier qui passe le long du mur, vers la chambre sous le toit, à peine éclairée par la lueur nacrée de la pleine lune. À l'étage un lit douillet entouré de livres, quelques bougies éteintes, des vêtements en pagaille dans laquelle la furette se faufile. Deux amants sont enlacés, une toile cousue comme seul vêtement. Leurs lèvres sont plissées, les joues rosées, les mains entremêlées. Ils dorment profondément, comme la maison, comme les arbres, comme le monde ; l'amour les a emmené en rêves.

Le bois est leur enceinte, la forêt leur ville, le ruisseau leur eau fraîche et l'amour leur unique besoin. Au plus noir de la nuit, leurs lèvres se murmurent :

« Nous n'aurons besoin que de ça, mon amour. Je n'aurais besoin que de toi. »
Une oeuvre évolutive réalisée en 2012 par Sylvain pour Hédia.
33 textes // index // au hasard
© 2012 - ∞